Nos associations et collectifs s'indignent aujourd'hui de cette nouvelle mode d'écrire des articles dans les journaux, articles largement relayés et commentés sur les réseaux sociaux pour dénoncer l'accueil d'élèves en situation de handicap en classe ordinaire.
Nous aimerions rappeler que tous les enfants ont le droit d'aller à l'école (égal accès à l'instruction et à la culture inscrit au 13ème alinéa du préambule de la constitution de 1946)
Certes, la France accuse 40 ans de retard en matière de handicap. Si l'Italie a fermé ses hôpitaux psychiatriques en 1971, ses établissement médico-sociaux en 1975 et a mis les moyens financiers et humains nécessaires dans les écoles pour accueillir tous les enfants, la France s'étonne encore de ce que la scolarité pour tous puisse être possible. Le changement de regard ne s'opère pas, les préjugés persistent ... comme si le handicap de l'enfant serait plus grave en France que dans les pays qui scolarisent tous leurs enfants. Aussi, l'on perpétue l'exclusion, au motif que tous les enfants ne sont pas "scolarisables".
Nous attendons toujours que le courage politique de flécher les moyens à l'école plutôt que dans les institutions à part donne les moyens à l'école de se rendre accessible à tous.
On aime user de l'argument psychologique suprême : la souffrance. Tantôt, c'est celle de l'enfant handicapé qui ne peut que souffrir de sa différence, de ses difficultés. Tantôt, c'est celle tout azimut de l'école, de l'enseignant, des autres parents, n'hésitant pas à avoir recours au fait que l'enfant serait dangereux pour lui-même ou pour les autres.
Pour justifier le besoin d'exclure, on jette ses "enfants là" (et leur famille) à la vindicte populaire. Couché noir sur blanc à la vue de tous s'étale le triste portrait dépeint de cet enfant qui n'a certes pas demandé de venir au monde avec un handicap : perturbateur, violent, traumatisant pour ses camarades ... des stigmates qui lui collent à la peau aussi sûrement qu'une étoile jaune cousue sur un manteau.
On interview la pauvre maman d'élève qui après avoir jugé et jaugé l'autre enfant tentera d'attirer la sympathie en concluant que ce "climat malsain" qu'elle attribue à un enfant de 8 ans a provoqué une dépression chez son enfant. Elle ne sait d'ailleurs plus quoi entreprendre pour protéger tous les écoliers (sauf un bien sûr) qui ne semble pas avoir la même valeur humaine que les autres.
Peut-être qu'avant d'entreprendre qui que ce soit, faudrait-il juste réfléchir un peu, avec bienveillance.
Surtout quand dans le même article (celui-là qui nous oblige aujourd'hui à prendre la plume) on lit que l'inspecteur académique a recruté un second enseignant (pour une classe de 23 élèves). Nous saluons là l'engagement de cet inspecteur pour que l'école de la République soit l'école de tous, celle où l'on partage les valeurs de la République : Liberté, Egalité, Fraternité.
Nous ne doutons pas de ce que chacun qui aurait - un jour ou l'autre - divulgué des propos portant atteinte à la dignité d'un enfant handicapé et à sa famille, se fera fort de relayer le présent message invitant à l'acceptation de la différence pour ne pas inciter à la discrimination.
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