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Faut il encore se poser la question : l'école inclusive peut-elle profiter à tous les élèves ?

Dernière mise à jour : 27 févr. 2020

Il ne fallait pas plus qu’un article étranger pour souffler sur les braises ardentes de ce fameux débat “L’école inclusive peut-elle profiter à tous les élèves ?”


Alors pour nous parents, un peu interpellés par cette question de savoir si un droit constitutionnel - l’égal accès à l’instruction pour tous - pouvait être remis en cause au motif qu’il faudrait que l’on fasse la preuve que son application est profitable aux élèves, nous avons eu envie de répondre oui. Il est vrai que nous avions dans un premier temps cru que l’école inclusive - ce nouveau concept d’inclusion décliné sous toutes ses formes sans que personne ne sache finalement expliquer de quoi on parle - signifiait l’école pour tous … celle qui respecte les droits fondamentaux de chacun. Mais après mûre réflexion, on comprend que l’objectif serait plutôt d’inclure … mais inclure qui et inclure où, là est toute la question ! Qui sont donc ces enfants qui ne s'incluent pas d’office dans cette école de la république qui arbore fièrement sur sa façade la devise de la république, le drapeau tricolore et celui européen et affiche dans ses locaux la déclaration des droits de l’Homme et du citoyen du 26 août 1789 ? A bien lire la loi, on ne voit pas bien ! Le service public de l’éducation - première priorité de l’état est conçu et organisé en fonction des élèves et des étudiants pour contribuer à l'égalité des chances et à lutter contre les inégalités sociales et territoriales en matière de réussite scolaire et éducative. Un service public qui reconnaît que tous les enfants partagent la capacité d'apprendre et de progresser et qui veille à l'inclusion scolaire de tous les enfants, sans aucune distinction. Outre la transmission des connaissances, la Nation fixe comme mission première à l'école de faire partager aux élèves les valeurs de la République. Le service public de l'éducation fait acquérir à tous les élèves le respect de l'égale dignité des êtres humains, de la liberté de conscience et de la laïcité. Dans l'exercice de leurs fonctions, les personnels mettent en oeuvre ces valeurs. Le droit à l'éducation est garanti à chacun afin de lui permettre de développer sa personnalité, d'élever son niveau de formation initiale et continue, de s'insérer dans la vie sociale et professionnelle, d'exercer sa citoyenneté.

Dans une logique une peu simpliste il faut bien le reconnaître, nous nous sommes dit que la solution était toute trouvée : pour que l’école soit inclusive, il suffisait de ne pas exclure, c’est-à-dire de poser comme postulat de départ que forcément, ce service public de l’éducation était profitable pour tous. Bien d’autres pays le font ! Mais ceux qui nous gouvernent s’empresseront de venir vous expliquer que l’école pour tous ne garantit pas l’inclusion dans le monde du travail une fois adulte … sous entendu que cela justifierait que l’on apprenne à nos enfants le plus tôt possible la ghettoïsation … histoire qu’ils s’habituent pour après … l’école ne serait qu’un centre de tri où quelques croix bien placées dans un guide d’évaluations permettrait déjà de ne pas s’encombrer avec des enfants dont on doute qu’ils soient capables de devenir des citoyens à part entière une fois devenus adultes. Pour en avoir le cœur net, nous sommes allés lire un peu les arguments des détracteurs de l’égalité des droits et des chances pour comprendre ce sophisme de l’école inclusive inventé par quelques biens pensants : tous les enfants ne s’adaptent pas aux normes trop restrictives de l’école. Et au lieu d’adapter l’écoles aux besoins éducatifs particuliers de chacun, l’école propose d’exclure ceux qui mettent en exergue ses limites, son incapacité à s’adapter … pour les inclure ailleurs. Et cette violation de droits fondamentaux se justifierait … au nom de l’intérêt de l’enfant ! C’est auprès de professionnels de l’éducation - Accompagnants des Élèves en Situation de Handicap (AESH) et enseignants - que nous trouverons quelques débuts “d’explications” à ces mécanismes de “l’inclusion à la Française” autrement appelée l'institutionnalisation. On y retrouvera tous les ingrédients des théories de l’exclusion développés en sociologie. Nous listerons ici quelques croyances incultes qui s’affichent publiquement sans que le Ministre de l’éducation, pourtant prompt à faire pression sur ces enseignants pour des broutilles, ne trouve rien à dire, pas même qu’il serait urgent de former les professionnels à commencer par leur apprendre les droits de nos enfants . - "les parents nous prennent pour de la garderie pour se débarrasser de leur enfant handicapé" (AESH) - “en plus, il bave … l’autre jour, la maîtresse l’a essuyé avec sa manche pour qu’il se rende compte” (AESH) - “les parents sont dans le déni et ne veulent pas de l’IME” (AESH) - “enfin on n’est pas là pour changer les couches ou pour accompagner à la cantine ! on nous prend vraiment pour les bonniches des parents” (AESH) - “on n’est pas assez payés, on nous en demande toujours plus” (AESH et enseignants) - “un manque de volonté de créer des structures adaptés mais aussi d’impliquer certains parents largement défaillants : mais il faut plaire aux électeurs … donc politiquement incorrect. On commence à voir les conséquences de tous ces enfants devenus adultes sans aides réelles, ni amour, ni instruction minimum vraie : incivisme, aucune moral, violence, zéro limite …. problèmes de socialisation jamais résolus : langage, culture, toutes les bases de la vie sociale” - “Dans les médias, on veut nous faire passer pour des bêtes sans cœurs qui ne veulent pas s’encombrer d’élèves handicapés afin de rallier l’opinion publique contre nous et faire émerger dans nos âmes et consciences un sentiment de culpabilité. Et bien en ce qui me concerne, pas de sentiment de culpabilité : je n’ai pas choisi ce boulot pour m’occuper d’handicapés. Je ne suis pas faite pour ça même si j’adore enseigner.”

- L’inclusion est une hypocrisie pour pallier le manque de soins, de santé. L’école est la réponse à tout : l’enseignant doit être pédagogue, thérapeute, infirmier, assistant social …. Avant les enfants violents étaient orientés en établissements spécialisés où ils pouvaient bénéficier de soins (psychologues, psychiatres, psychomotriciens, médecins, orthophoniste, etc…) Maintenant, ils végètent sur des listes d’attente de CMP, on laisse pourrir la situation dans la classe au détriment des autres élèves et de l’enseignant sans compter quand l’élève est lui même une bombe à retardement … moi je ne suis pas contre l’inclusion des élèves handicapés quand ils sont élèves et qu’ils sont accompagnés dans leurs apprentissages par un autre professionnel. Je trouve normal d’habituer les enfants “normaux” à la différence mais à la violence, c’est inacceptable et scandaleux et dangereux à double titre : c’est banaliser la violence. Il n’y a qu’à accepter des stagiaires pédophiles aussi. Ben oui, il faut bien que les enfants s’habituent”. - il va falloir qu’on nomme dans les établissements scolaires du personnel habilité à intervenir physiquement et du personnel médical comme dans les HP.”

- On voit l’intégration de notre lorgnette avec le politiquement correct et que du point de vue de l’enfant handicapé. Mais on ne s’intéresse pas du tout aux autres enfants … Et pourtant, ce sont eux qui se retrouvent en classe avec certains gamins qui ne devraient pas y être, qui sont dangereux !!! Passons sur le fait qu’un enseignant n’ai pas à récupérer toute la misère du monde pour un lobby électoraliste. Nous allons vous épargner les centaines de pages de commentaires de ce style …. mais il faut bien avouer que l’argument, aussi fallacieux soit il fait mouche : aucun enfant en situation de handicap (ou pas d’ailleurs) ne tire profit de ces attitudes qui manquent cruellement de posture professionnelle, d’humanité avant même que l’on parle de crasse incompétence. Même les plus fervent défenseur des droits finirait par douter du bien fondé de l’école pour tous et finirait par concéder l’école qui trie ses élèves. La palme revient aux quelques enseignants qui avec un sang froid extraordinaire interrogent ainsi :

“Nous n’avons pas signé pour nous occuper d’enfants en situation de handicap, cette nouvelle mission (l’inclusion) ajoutée à celles initialement prévue est-elle légale ?” à laquelle il est répondu que le fait de ne pas signer de contrat avec l’éducation nationale permettait d’imposer aux enseignants d’enseigner à tous les enfants, même ceux qui n’ont pas choisi d’avoir des élèves handicapés dans leur classe.

Alors, comment dire ! C’est vrai que pour nous autres parents, c’est différent. Quand on commande nos enfants, on le fait sur un catalogue spécial “handicap” … avec en double page centrale les promotions sur les comorbidités. “- ah, chéri, ça te dit une trisomie 21 ? - écoute, c’est peut être un peu ambitieux tout un chromosome en plus pour un premier enfant. Tu ne veux pas plutôt une délétion du bras court du chromosome 18 ?” ou “si on attend le mois prochain, on pourra bénéficier de la promo “spécial mois de l’épilepsie” gratuitement pour notre petit IMC” Puis bien entendu, l’enfant nous arrive bien sûr avec un mode d’emploi détaillé, "le guide du parfait parent d'enfant en situation de handicap". Nous pourrions parler de notre dédommagement familial quand la MDPH vous propose gentiment de faire 12h00/jour, 7jours/7, 365 jours par ans tout en plafonnant le dédommagement à hauteur de 35h00 hebdo dédommagés 5€70. Mais comparer des souffrances d’adultes entres elles ne saurait faire oublier que les toutes premières victimes de ce validisme poussé à son paroxysme, ce sont nos enfants qui en souffrent. Eux encore moins que quiconque n’ont choisi ! Il y a bien sûr ces milliers de professionnels de l’éducation que l’on n'entend pas s’exprimer sur la question de l’inclusion, et pour cause … ils y travaillent en silence, avec le peu de moyens dont ils disposent mais la conviction profondément ancrée que accoler l’adjectif “inclusive” au mot école est simplement inutile et redondant. Alors le jour au ceux qui nous gouvernent se mettront à gouverner au lieu de faire de la communication, peut-être se mettra t-on enfin au travail, chacun dans son domaine de compétence, à récolter le fruit des bonnes pratiques, à mutualiser les compensations en amont des demandes, en apportant l’aide individuelle nécessaire à nos enfants sans la détourner au profit de l’école qui doit disposer des ses ressources propres, à rationaliser les démarches, les plans les dossiers à remplir, à valoriser le travail réalisé par ceux qui se donnent la peine … pour que l’école de la république soit l’école de tous les futurs citoyens


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