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Élèves handicapés : est-ce 10 000 accompagnants en plus ou en moins à la rentrée ?




Élèves handicapés : le gouvernement annonce plus de 10 000 accompagnants supplémentaires à la rentrée


"Les élèves en situation de handicap bénéficieront à la rentrée de septembre de 10 900 accompagnants supplémentaires, annonce le ministre de l'Education nationale, Jean-Michel Blanquer, mercredi 18 juillet 2018. Ce dernier assure qu'il s'agira d'emplois "robustes", et non d'emplois aidés. Dans le détail, on comptera à la rentrée environ 42 900 postes d'accompagnants des élèves en situation de handicap (AESH), soit une hausse d'environ un tiers. Cette augmentation fera plus que compenser la baisse du nombre d'emplois aidés dans ce secteur – qui passeront de 50 000 à environ 30 000."

Oui, mais ....



Voilà donc pourquoi les engagements de 2018 ont un petit goût de déjà lus.

Donc si on récapitule ....


Rentrée 2017 : 30 000 AESH + 50 000 contrats aidés = 80 000 postes

Rentrée 2018 : 42 900 AESH + 30 000 contrats aidés = 72 900 postes


soit .... 7 100 postes en moins que la précédente rentrée où l'on se rappelle les 4 mois de panique pour recruter d'autres contrats aidés pour les quelques 3 000 enfants qui restaient sur le carreau.... malgré les belles promesses électorales de M. MACRON qui s'engageait à ce que chaque enfant notifié soit accompagné.


"Davantage d'heures consacrées aux enfants"


"En prenant en compte le fait que les AESH travaillent 35 heures par semaine et les emplois aidés seulement 20 heures, ce sont au total "3 000 équivalents temps plein supplémentaires" qui pourront accompagner au quotidien les élèves handicapés dans leur scolarité, calcule l'entourage du ministre."

Si l'on s'en réfère aux accompagnants, l'on apprend que les AESH travaillent entre 20 et 30 maximum par semaine et les emplois aidés .... la même chose. Nous parlons là des mêmes personnels qui exercent les mêmes missions soit en contrats aidés, soit en CDD d'un an renouvelable jusqu'à 6 ans , quelques uns seulement sont en CDI, après huit en de travail précaire.

La seule différence qui existe vient de l'interprétation de l'annualisation du temps de travail en fonction des académies. Et ce sont ainsi 3 semaines par année qui ne sont pas utilisées, sauf à déroger au code du travail et annualiser soit l'équivalent de 5 600 postes sur 73 000 ... de temps perdu.


"Nous augmentons le nombre d'heures consacrées aux enfants. Les AESH font plus d'heures, ils sont plus formés, ils sont recrutés avec plus d'anticipation, a précisé le ministre de l'Education. Un des phénomènes auxquels nous voulons mettre fin, ce sont les accompagnants qui abandonnent [leur mission] en cours d'année, ce qui crée de la détresse pour l'élève et sa famille."

M. Blanquer n'a pas du bien comprendre le concept de l'accompagnement scolaire : La Maison Départementale des Personnes Handicapée évalue les besoins de l'élève et ouvre droit si besoin à un accompagnement sur le temps scolaire et périscolaire. L'Etat a obligation, dans son domaine de compétence, de mettre en oeuvre les moyens humains et financiers nécessaire à rendre la scolarité effective.

Ainsi, les accompagnants ne sont pas mis à disposition des écoles, mais des élèves en situation de handicap - puisque les notifications sont ... nominatives. Par conséquent, ces personnels n'ont pas vocation à rendre l'école "inclusive", elle l'est de droit mais à remplir leurs missions légales d'accompagnement de nos enfants.

M. Blanquer omet de nous préciser que la gestion des renouvellements contrats précaires est tellement peu efficiente que nombre de contrats se signent pendant l'année scolaire et se terminent pendant l'année scolaire, sans que personne n'arrive à anticiper. Quand à la formation, il faudra bien avouer qu'elle est inexistante dans la réalité même si l'on en parle depuis des décennies, à l'instar de celle des enseignants en matière de besoins éducatifs particuliers.


Cette incapacité à gérer ne crée pas seulement de la détresse pour l'élève et sa famille, mais une rupture de droit, des ruptures de scolarisation.


Des parents ... dubitatifs


"Interrogée sur le risque que certaines familles restent malgré tout sans solution à la rentrée, Sophie Cluzel, la secrétaire d'Etat chargée des Personnes handicapées,  a reconnu que "bien sûr, nous aurons toujours des petits problèmes d'ajustement, c'est une grosse machine". Jean-Michel Blanquer estime qu'on "ne peut atteindre la situation parfaite du jour au lendemain". Les deux ministres défendent leurs efforts pour mieux former les enseignants et pour améliorer la coopération entre l'école, d'une part, et les acteurs du monde médico-social, d'autre part."

Ce sont effectivement des milliers d'enfants en situation de handicap qui seront une nouvelle fois privés de leurs droits à l'école pour tous, qui ne feront pas leur rentrée en septembre, tandis que l'état s'exonère de ses obligations au nom d'un désir de coopération, d'un ajustement des besoins de nos enfants aux revendications syndicales des uns et des lobbys des autres.


L'école de la confiance ... nécessiterait que notre Ministre - celui-là même qui enseigne aux enseignants que les 4 opérations l'année de CP doivent être acquises - révise un peu les siennes : l'on imagine mal que les comptes d'apothicaires de son entourage ne l'ai pas interpellé. Le compte n'est pas bon !


Et c'est un mauvais calcul d'utiliser les chiffres pour masquer l'incapacité de l'éducation :

  • d'être "la première priorité nationale",

  • d'être "conçu et organisé en fonction des élèves et des étudiants",

  • de "contribuer à l'égalité des chances et à lutter contre les inégalités sociales et territoriales en matière de réussite scolaire et éducative",

  • de "reconnaître que tous les enfants partagent la capacité d'apprendre et de progresser", de "veiller à l'inclusion scolaire de tous les enfants, sans aucune distinction." (article L111-1 du code de l'éducation).



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